Le Varroa

 
Sources Chronologie

Le Varroa*, un parasite originaire d'Asie, est apparu en Europe dans les années 1960, lorsque les échanges se sont intensifiés entre apiculteurs des deux continents (1). Il est aujourd'hui présent dans le monde entier, à l'exception de l'Australie et d'une grande partie de l'Afrique (2). Les autorités australiennes ont en effet mis en place un système de quarantaine strict lors de l'importation de pollinisateurs et des ruches placées dans 26 ports du continent permettent de suivre et de prévenir l'apparition du Varroa ou d'autres maladies de l'abeille (9).


V. destructor porte bien son nom

Mais quel est donc ce parasite que craignent tant les apiculteurs ? Le spécialiste Rémy Vandame fournit une description précise de la biologie du Varroa (3), qui profite en réalité des larves d'abeilles, consommant de 15 à 40% en volume de leur hémolymphe (le sang des insectes) et utilisant les ressources de leur milieu nourricier. La présence du Varroa affaiblit considérablement l'abeille en devenir - en moyenne plus légère de 20% par rapport à la normale au moment de son éclosion (1). Apis mellifera est particulièrement vulnérable face à cet acarien dont l'hôte « naturel » est une butineuse asiatique robuste, A. cerana (2).

Varroa destructor







Varroa destructor (10)

Le Varroa sert en outre de vecteur à de nombreux virus pathogènes (4), dont celui des ailes déformées (Deformed Wing Virus, DWV) et celui de la paralysie aigüe (Acute Paralysis Virus, APV) (5).


Le Varroa, cause ou conséquence de l'affaiblissement des abeilles ?

Pour Stephen J. Martin, du Laboratoire Apiculture et Insectes sociaux de l'Université de Sheffield, le Varroa est le parasite le plus important d'Apis mellifera, bien qu'aucun lien direct n'ait pu être établi entre la présence d'une grande population de Varroa dans une colonie et la mort de celle-ci (5). Jean-Daniel Charrière, spécialiste du Centre Agroscope Liebefeld-Posieux, estime quant à lui que le Varroa n'est probablement pas seul responsable mais se dit « persuadé que ce parasite joue un rôle tout à fait central dans les mortalités élevées des abeilles » (6).

Thierry Sergent, apiculteur français, affirme de son côté que « le Varroa ne représente pas un problème majeur ». Il qualifie le parasite d'opportuniste, et a observé sa présence sur des colonies affaiblies, mais remarque que le nombre de Varroa reste restreint dans les populations d'abeilles saines. Selon un autre apiculteur, André Combe, le Varroa n'est pas la cause du déclin des abeilles, mais une conséquence de leur affaiblissement immunitaire (6).


Les traitements contre le Varroa : efficaces ou nocifs ?

Les traitements effectués par les apiculteurs (voir aussi les rubriques « Amateurisme » et « Pesticides ») sur les colonies infestées par le Varroa sont régulièrement questionnés dans les débats sur les causes de la disparition des abeilles. Vincent Tardieu, dans L'étrange silence des abeilles (1), résume ainsi la situation : « Vu les très hauts niveaux d'infestation et la virulence [du Varroa], tout porte à croire que, sans l'intervention des apiculteurs et de leurs acaricides, notre abeille domestique aurait disparu de plusieurs régions. Le paradoxe pourtant, c'est que cette protection chimique ne laisse pas le temps à des populations d'A. mellifera naturellement tolérantes aux Varroa d'émerger (...). Nos élevages, comme n'importe quel système de production, entretiennent en fait la sensibilité de nos abeilles à ses pires parasites ! » Pour plus d'informations sur les pesticides, voir l'article qui leur est consacré et sa bibliographie.



(1)  ↑ L'étrange silence des abeilles, enquête sur un déclin inquiétant, Vincent Tardieu, Ed. Belin, 2009.

(2)  ↑ Varroa destructor, James D. Ellis, C.M. Zettel Nalen, University of Florida, 2010, EENY-473.

(3)  ↑ Abeilles européennes et abeilles africanisées au Mexique: la tolérance à Varroa jacobsoni,
          Rémy Vandame et Marc Colin, INRA, Station de zoologie et apidologie, 26.03.2011.

(4)  ↑ La disparition des abeilles : enquête, Sciences.gouv.fr, Le Portail de la Science, 26.03.2011.

(5)  ↑ The role of Varroa and viral pathogens in the collapse of honeybee colonies: a modelling approach,
          Stephen J. Martin, Journal of Applied Ecology, 2001, 38, 1082-1093.

(6)  ↑ Disparition des abeilles, la fin d'un mystère, documentaire de Natacha Calestrémé, 27.03.2011.

(7)    Un apiculteur accuse ses pairs d'être aussi néfastes que le varroa, Laurent Grabet, 24 heures,
          05.03.2010.

(8)    Apistory, 07.04.2011.

(9)  ↑ Varroa destructor is the main culprit for the death and reduced populations of overwintered honey bee
          (Apis mellifera) colonies in Ontario, Canada, Guzman-Novoa et al., Apidologie, July-August 2010.

(10)    EL DIA digital.es, Periódico de Castilla-La Mancha, 15.01.2011



Chronologie

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→ Vers la chronologie globale
 
1985 : Le Varroa est présent dans l'Europe entière.
1987 : Une souche russe de Varroa est retrouvée dans l'Etat du Wisconsin (USA).
1987 : Une étude comparative menée en Thaïlande par Peng Y. S. C. et al. montre que l'abeille orientale A. cerana élimine 99.6% des acariens par épouillage contre seulement 0.3% pour A. mellifera.
1988 : L'utilisation du fluvalinate semble efficace pour protéger les colonies du Varroa.
1992 : Le Varroa arrive au Royaume-Uni.
1994 : Une équipe de l'USDA conduite par Tom Rinderer vont chercher des colonies d'A. mellifera résistantes au Varroa en Sibérie, une des toutes premières régions où l'abeille européenne a été en contact avec le Varroa.
1996 : Fries I. et al. montrent que les performances d'épouillage d'A. cerana et d'A. mellifera sont comparables, éliminant respectivement 27% et 20% des acariens.
1996 : Rémy Vandame, dans sa thèse, estime que c'est l'élimination de 90% des cellules de couvain infestées par le Varroa qui permet à A. cerana de résister à l'acarien (contre 20% éliminés par A. mellifera).
2001 : Pour Stephen J. Martin, du Laboratoire Apiculture et Insectes sociaux de l'Université de Sheffield, le Varroa est le parasite le plus important d'Apis mellifera, bien qu'aucun lien direct n'ait pu être établi entre la présence d'une grande population de Varroa dans une colonie et la mort de celle-ci.
2007 : Lors d'une enquête auprès des apiculteurs américains, Jeff Pettis (USDA) et ses collègues ne trouvent ni Varroa ni champignons dans la moitié des colonies suivies et remarquent que les charges parasitaires sont comparables entre les ruches affectées par le CCD et celles en bonne santé. Pour eux, « la présence de parasites n'est pas corrélée aux épisodes d'effondrement ».
09.04.2008 : Séance d'information sur le déclin des pollinisateurs à l'Assemblée nationale (France). Michel Aubert, de l'AFSSA, affirme que « l'imidaclopride a été une fausse piste » et que c'est le Varroa qui a décimé les colonies entre 1998 et 2007.
2008 : Jean-Daniel Charrière, spécialiste du Centre Agroscope Liebefeld-Posieux, se dit persuadé que le Varroa joue un rôle central dans les mortalités élevées des abeilles.
2008 : Thierry Sergent, apiculteur français, affirme de son côté que « le Varroa ne représente pas un problème majeur ».
2008 : Pour André Combe, apiculteur français, le Varroa n'est pas la cause du déclin des abeilles, mais une conséquence de leur affaiblissement immunitaire.
03.05.2010 : Jean Reichenbach, apiculteur reconnu du Mont-sur-Lausanne, affirme que les « apiculteurs du dimanche » sont autant responsables que le Varroa des pertes de colonies d'abeilles.