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Ce Site web est le résultat du travail de 5 étudiants à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) de la Faculté Environnement Naturel Architectural et Construit (ENAC) : Meret Hodel(Architecture), Dimitra Junod (Sciences et Ingénierie de l'Environnement), Thomas Lepelletier (Architecture), Jérémy Loup (Génie Civil) et Arnaud Poncet Montanges (Sciences et Ingénierie de l'Environnement). Il a été réalisé dans le cadre du cours interdisciplinaire Mapping Controversies donné par Valérie November, Luca Pattaroni et Pascal Viot au printemps 2011.
Le but de cette réalisation est d'exposer la controverse du marché du carbone via une cartographie des acteurs et une cartographie temporelle, toutes deux étroitement liées par les évènements au sein de la controverse.
Autrefois préoccupation farfelue des écologistes, le réchauffement climatique est aujourd'hui reconnu par l'ensemble de la communauté scientifique, des politiques et de la population. S'il y a de quoi se réjouir de cette prise de conscience générale, que penser de l'appropriation récente de cette thématique par le monde économique? Aujourd'hui l'économie verte semble la réponse la plus adaptée au changement climatique. C'est dans ce contexte qu'émerge l'idée d'un marché carbone.
Le postulat de base est simple: selon la loi de l'offre et de la demande, le prix de la tonne de CO2, ou crédit-carbone, devrait s'équilibrer pour permettre une croissance optimale avec un minimum d'émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Les mécanismes mis en place par le Protocole De Kyoto (PDK) donnent le cadre du marché carbone.
Ce concept soulève plusieurs interrogations.
Le marché du carbone a un prédécesseur: les Etats-Unis avaient déjà mis en place un mécanisme similaire dans les années 90 pour réduire leurs émissions de NOx et SO2, gaz responsables des pluies acides. Si l'efficacité du programme est toujours controversée, les pluies acides ont effectivement diminué.
Depuis son ouverture en 2005, le Système Communautaire d'Echanges de Quotas d'Emissions (SCEQE) a déjà connu plusieurs aléas depuis son ouverture: effondrement des cours en 2006 suite à une fuite d'informations, scandale autour du HFC-23 (gaz à effet de serre très puissant issu des produits réfrigérants, encore fortement utilisé dans les Pays en Voie de Développement (PVD)), nouvelle baisse du prix de la tonne de CO2 (gaz à effet de serre issu des produits de la pétrochimie et de leur combustion) en 2008 suite à la crise financière. Faut-il imputer ces aléas à des défauts structurels, ou faut-il conclure que la voie du marché du carbone est vouée à l'échec?
La première question éthique de la controverse est presque philosophique: L'atmosphère peut être considéré comme un bien commun, est-il dès lors acceptable que certains se l'approprient? L'air, dont une qualité suffisante est nécessaire à la vie humaine, devient une marchandise comme une autre. Au même titre que l'eau, la question d'un droit à un accès à un air propre se pose.
La seconde question éthique est celle du développement des pays pauvres. Les pays industrialisés se sont développés en émettant fortement des gaz à effet de serre; restreindre le droit à polluer des Pays en Voie de Développement (PVD) reviendrait à les priver de leur croissance économique. La Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) répond à cette demande des PVD en les libérant des quotas d'émissions de GES. En vertu de ce principe, la Chine, pays émergent et premier émetteur de GES au monde, n'est aujourd'hui soumise à aucune restriction.
Notre analyse repose sur les théories de la cartographie des controverses. En particulier, la théorie de l'acteur-réseau développée par des sociologues comme Bruno Latour nous a été très utile.
L'acteur ou actant est une entité participant à la controverse. La participation à la controverse ne se traduit d'ailleurs pas forcément en actes, l'acteur pouvant être un "non-humain".
Le réseau représente les relations que les entités de la controverse entretiennent entre elles. Les interactions entre les actants du réseau sont changeantes et le réseau évolue au fil du temps.
Notre graphique principal, celui des acteurs, s'efforce de rendre compte du réseau mis en place dans la controverse du marché du carbone.
Ce site n'est pas et ne saurait en aucun cas être un résumé du sujet vaste et complexe qu'est le marché carbone. Ayant été réalisé sur une période de quelques mois, nous avons dû limiter nos recherches.
La question éthique concernant l'assimilation de l'air à une marchandise n'est pas traitée dans le site. Bien qu'elle soit intéressante, elle n'est que peu apparue dans nos recherches et nous l'avons donc laissé de côté.
Le but de ce site n'est pas d'apporter des réponses ou des jugements à la thématique. Nous avons voulu donner une vision globale de la controverse, c'est-à-dire les acteurs en présence, des opinions et idées discutées ainsi que sa temporalité.
Nous avons donc choisi de présenter la controverse à partir de deux entrées:
Nous avons distribué les acteurs selon deux axes: a priori, les acteurs ont une vocation écologique ou économique, qui devrait guider leur conduite. Les acteurs vont également suivre leurs intérêts, écologiques ou économiques, à nouveau.
L'aspect graphique de la chronologie représente la façon dont la controverse est venue à nous: au début de notre projet, nous avons concentré nos recherches sur une problématique particulière, celle du scandale du HFC-23 au sein des Mécanismes de Développement Propre (MDP). Cette piste nous a rapidement fait remonter à la controverse du marché carbone, qui s'inscrit elle-même dans la thématique plus vaste du réchauffement climatique. C'est l'imbrication de ces trois controverses qui donnent cette forme particulière d'arbre généalogique à notre chronologie.
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