Interview d’Yves Sanglard, apiculteur bio à Cornol, dans le canton du Jura, en Suisse


Quand avez-vous commencé l’apiculture ?

Il y a une vingtaine d’années environ. J’ai repris les ruches appartenant à mon grand-père.

Pourquoi être apiculteur en Suisse ?

C’est une passion ! On ne compte pas ses heures de travail, on donne de son temps ! L’abeille est beaucoup plus qu’un simple animal de compagnie ! On doit souvent oublier ses loisirs durant l’été. On reçoit une petite gratitude en vendant son miel, mais on ne peut pas en vivre. Il n’y a que peu d’apiculteurs suisses professionnels à ma connaissance.

De plus, l’apiculteur « rend service » à l’agriculture, en favorisant la pollinisation, c’est pourquoi il n’est pas, en Suisse, taxé sur le miel qu’il produit. C’est une bonne solution, car le fait d’être taxé empêcherait peut-être certains de se lancer, ou ferait arrêter plus tôt des apiculteurs expérimentés. De plus, un réseau de « ruches cachées » risque de se créer, ne permettant ainsi plus de contrôler la progression des maladies ainsi que leurs emplacements.

Les apiculteurs vont d’ailleurs bientôt être répertoriés, de façon à ce que chacun d’entre eux, ainsi que chacun de leurs ruchers, aient un numéro. Cela pourra être un bon moyen pour connaître les positions de chaque ruche et ainsi créer un nombre minimum d’abeilles au km2, de façon à avoir une bonne pollinisation partout.

Comment faut-il faire pour devenir apiculteur ?

On peut acheter une ruche et des abeilles et débuter seul ou profiter des cours de vulgarisation donnés par la société apicole locale dans des « ruchers-écoles ». Les ruchers sont peut-être encore un peu chers, car les propriétaires ne les laissent pas facilement partir.

Y’a-t-il de la promotion effectuée pour devenir apiculteur ?

La promotion est faite par certains enseignants, qui amènent leur classe dans les ruchers-écoles. Mais l’accent est trop peu mis sur ce sujet. Je pense que la Confédération, ou le service d’agriculture, devrait mettre un peu plus le poids là-dessus. En effet, si les abeilles venaient à disparaître, si la Confédération devait lancer un programme de réinsertion, cela lui coûterait les yeux de la tête ! Pour le moment, ce sont les sociétés apicoles qui se chargent de cette promotion, à travers des journées porte-ouverte, des articles… Mais cela passe trop inaperçu !

La production de miel est-elle régulière ?

Non. Par exemple, en 1995, j’ai produit une tonne de miel avec 16 ruches, alors qu’en 1997, je n’en ai produit que 30 kilos, avec le même nombre de ruches.

Comment l’expliquez-vous ?

Le mauvais temps ! Le printemps 97 a été pluvieux, ce qui fait que les abeilles n’ont pu sortir que rarement pour récolter du pollen et du nectar. Le peu qu’elles pouvaient ramener était directement ingéré par la colonie. En été, période du miel de sapin, les orages et la pluie ont tué une grande partie des pucerons nécessaires à la confection de ce miellat.


Voir aussi : Site de M. Sanglard